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mes habits. Pourquoi, me diras-tu, n’avoir pas amené Marie avec moi ? J’aurais été une heure plus tôt saluer Sa Majesté Soleil. — Oui ; mais Marie, qu’il faut bien laisser dormir le soir, si elle doit s’éveiller dès le matin, m’eût empêché de regarder la lune une heure plus tard.

Axiome : Quand on veut faire la cour à la lune, c’est-à-dire ouvrir son rideau à minuit et flâner aux étoiles à travers les vitres pendant des heures qu’on ne veut pas compter, il faut être seul en son logis.

Vivre seul, tout seul ! — je ne dis pas dans la prison cellulaire, autant vaut se dire enterré, — seul sous un toit où l’on se retire le soir, comme un lièvre en son gîte, pour songer, c’est de temps en temps une bonne chose, si l’on a un but approprié à cette retraite volontaire ; mais la solitude imposée par le sort ou acceptée par le cœur, le toit n’abritant qu’une tête, la privation systématique ou obligatoire de famille ou d’amitié, c’est crime, malédiction ou manie. À notre logis rustique est accolé ce logis que tu sais, logis tout pa-