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compte. La date de ses envois remontait à une centaine d’années.

Laura revint avec sa gouvernante passer les vacances. Je fus de nouveau présenté à elle avec force compliments sur mon compte de la part de mon oncle. Je me tenais droit comme une colonne, je regardais Laura d’un air confiant. Je m’attendais à la voir un peu confuse devant mon mérite. Hélas ! il n’en fut rien. L’espiègle se mit à rire, me prit la main, et, sans la quitter, me toisa du regard d’un air d’admiration railleuse ; après quoi, elle déclara à notre oncle qu’elle me trouvait fort enlaidi.

Je ne me déconcertai pourtant pas, et, pensant qu’elle doutait encore de ma capacité, je me mis à interroger mon oncle sur un point qu’il me paraissait avoir négligé dans sa dernière leçon, ingénieux prétexte pour faire étalage, devant les dames, de mots techniques et de théories apprises par cœur. Mon oncle se prêta avec une complaisante simplicité à ce manège qui dura longtemps et mit toutes mes lumières en évidence.