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complète, du moins on n’est tenté d’exclure aucun de ses élus. Mais là n’est pas le but de sa recherche : il soulève une question bien plus grande, une question qui, tu vas t’en souvenir, nous a bien souvent préoccupés, toi et moi. La science, disons-nous, marche toujours. Le moindre écolier d’aujourd’hui surpasse, dément et annule les plus illustres savants du passé. Ceux de ce matin redressent déjà ceux d’hier soir. La science passe sa vie à trouver.

Et pourtant nul poëte, nul artiste des époques civilisées ne peut se vanter de surpasser ceux des âges primitifs et des époques barbares. Orphée sera toujours Orphée. Dante ne détrône pas Eschyle ; Shakspeare n’est pas dépassé par Corneille ; le Parthénon reste sublime modèle en face de la renaissance, réminiscence sublime. Les moyens de l’art progressent, le génie de l’art ne progresse pas. On sait mieux orchestrer un opéra qu’au temps de Haendel ou de Pergolèse ; l’harmonie des vieux maîtres n’a pourtant pas besoin d’être complétée ou rafraîchie. Augmenter la puissance du