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qui rendit le philosophe ridicule et odieux en apparence ; accordons-le tout entier à celle qui lui fit de si belles années et qui ne le trompa jamais. Madame de Warens se confessait si facilement, qu’elle a disposé sans doute le génie de Rousseau à écrire l’impérissable livre des Confessions. Elle lui a révélé le culte de la nature ; elle l’a fait poëte, comme elle l’a fait artiste et savant. Sachant ou comprenant tout, elle ne mettait pas l’orthographe ; elle en est d’autant plus la femme de son siècle. Assez belle encore pour spéculer sur ses charmes comme tant de dames de la cour, elle se donnait pour rien à des gens de rien. Parmi ces gens de rien, il y avait l’humble Claude Anet, un homme de cœur et de mérite, et le petit Rousseau, qui fut un des deux premiers hommes de son temps. Elle n’était donc pas toujours aveugle, et on peut lui pardonner M. de Courtilles,… ou plutôt l’oublier et faire rentrer son image dans le néant.

Voyageurs, allez aux Charmettes, n’écrivez rien sur le livret, cueillez un brin de pervenche, et ne voyez là que les ombres de Jean-Jacques et de la