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je ne pensais rien à cet égard, puisque je manquais absolument de certitude.

— Mais enfin, reprit-il, où avez-vous pris cette idée qui a été un de vos moyens de défense ? Comment n’est-elle venue sérieusement à aucun de ceux qui ont été les contemporains du philosophe ?

— Elle leur est venue très-sérieusement, et c’est parce que je la leur ai entendu exprimer que je l’ai eue souvent sans oser m’y arrêter. Mon grand-père était ce Dupin de Francueil dont Rousseau fut longtemps l’ami. Plus tard, Rousseau méconnut son affection et ne revint à lui que de loin en loin. C’est Thérèse qui amena la méfiance, afin d’empêcher certaines explications. Elle était venue souvent demander des secours à M. Dupin pour le philosophe. M. Dupin n’avait jamais refusé, jamais hésité ; mais ces secours, Thérèse en disposait pour elle-même ou pour son indigne famille. Rousseau ne les eût point acceptés. Mon grand-père s’en doutait bien, mais il était riche, et il aimait mieux être dupe que de risquer de ne pas