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s’est vu accusé d’être un père dénaturé ; mais, pour se laver du reproche, il eût fallu dévouer Thérèse au mépris public, et Rousseau s’est sacrifié. Le terrible courage qu’il avait eu jusque-là pour tout dire l’a abandonné. Sa liaison avec elle était devenue plus sérieuse avec le temps ; beaucoup de soins rendus et de malheurs partagés la lui avaient rendue chère, respectable jusqu’à un certain point. Peut-être aussi, croyant l’avoir purifiée par ses enseignements et le partage de ses épreuves, frémissait-il à l’idée de s’être trompé autrefois sur son compte. Peut-être en était-il venu à se dire : « Ces enfants que j’ai méconnus étaient les miens ! » De là des remords et des regrets qu’il avoue. Et s’il est vrai, comme on l’a affirmé, qu’il se soit donné la mort et que son suicide ait eu pour cause une dernière infidélité de Thérèse, il y a quelque chose de grand encore dans l’égarement de sa funeste résolution. Il voit que toute sa vie de pardon ou de réparation envers cette femme a été une illusion déplorable, qu’il ne lui est plus possible de vivre avec elle sans la mépriser, qu’il lui a