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ment de son malheur, qu’elle l’a brouillé avec tous ses amis, qu’elle aimait le vin, qu’elle avait de très-mauvaises mœurs, enfin que Rousseau s’est tué parce qu’il l’avait surprise avec un laquais. Il m’en coûte de les croire. Rousseau a un si grand art pour faire aimer ceux qu’il défend, que je m’habituerais volontiers à voir son ange gardien dans cette garde-malade fidèle et dévouée qu’il nous montre partageant sa misère, sa vie errante et ses douleurs ; mais, en ne prenant que la moitié du blâme et de l’éloge dont elle est l’objet, je ne vois rien d’impossible à ce qu’une personne si ennuyée, si peu intelligente, si mal conseillée, d’un caractère si faible et si peu digne à beaucoup d’égards, ait eu les mœurs de madame de Warens. C’est de l’avilissement où se jetait cette dernière qu’il faut s’étonner ; quant à Thérèse, rien ne paraîtrait moins surprenant. Rousseau ne fut pas son premier amour : qui pourrait affirmer qu’il fut le dernier ?

— Et vous croyez que Rousseau, qui dévoilait si hardiment les turpitudes des autres pour atténuer