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des cours d’eau douce considérables contournant le bas de nos plateaux. Les parties qui nous faisaient face paraissaient plus arides ; mais la distance était trop grande pour nous permettre une certitude.

Forcés de nous arrêter et de nous sustenter de pourpiers et de mousses fort bonnes du reste, nous songions à retourner sur nos pas pour chercher une pente plus facile, lorsque je fus effrayé par un rugissement d’une nature si particulière qu’aucune comparaison avec les cris des animaux que nous connaissons n’en peut donner l’idée. C’était comme un son de beffroi prolongé, mêlé au ronflement d’une machine à vapeur. Comme je regardais de tous côtés, j’entendis ce bruit au-dessus de ma tête et vis voler quelque chose de si énorme, qu’instinctivement je me baissai pour n’être pas atteint par le passage de cet être incompréhensible.

Il s’abattit près de nous, et je reconnus un individu qui me parut appartenir d’assez près, sauf la taille inouïe, au genre mégalosoma. Il était