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doute pas qu’il n’existe un eldorado, une terre enchantée où les cèdres du Liban se marient aux gigantesques cytises et peut-être aux plus riches productions de la nature tropicale.

L’assertion de mon oncle me paraissait un peu risquée, et je regrettais vivement d’avoir négligé l’étude de la botanique, qui m’eût permis de mieux déterminer les débris végétaux que j’avais sous les yeux. Il me semblait y reconnaître tantôt des tiges de fougères arborescentes, tantôt l’écorce imbriquée de palmiers immenses ; mais je n’étais sûr de rien, et je me perdais en conjectures.

Après une station très-douce, nous étions disposés à entreprendre la traversée de la mer polaire, quand nos Esquimaux, jusque-là si confiants et si joyeux, nous firent observer que, vu le temps nécessaire au voyage du retour et la chaleur exceptionnelle de l’année, nous risquions d’être surpris par le dégel, qui rendrait la route impraticable par mer et par terre.

Mon oncle leur remontra en vain que ce qu’ils prenaient pour un été exceptionnel n’était que