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sans crainte, mais qu’aucun de vous ne songe à voler le moindre objet de ce que je prétends me réserver, car à l’instant même j’incendie le navire et tous ceux qui s’y trouveront.

Et, pour leur prouver qu’il avait ce pouvoir, il frappa du doigt son diamant et en fit sortir un brillant jet de flamme qui s’envola dans les airs en répandant une pluie d’étincelles.

Je ne m’occupai ni du travail des Esquimaux, ni du chargement de leurs véhicules. En dépit du charme qui m’enveloppait, je ne songeais qu’aux mystérieuses paroles de Nasias et au lugubre silence qui depuis longtemps avait succédé sur le navire aux vacarmes de l’orgie. Aucun matelot n’était sur le pont. L’homme de quart et le timonier avaient abandonné leur poste. L’arrivée bruyante des naturels n’avait troublé chez aucun de nos compagnons le sommeil de l’ivresse.

Je comprenais bien que mon oncle emportait ou donnait aux nouveaux arrivants toute la nourriture et tous les vêtements nécessaires à l’équipage. Leur abandonnait-il aussi la vie de ces malheu-