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grande fortune à ses héritiers. Il avait regardé Fiamma comme morte, et il avait eu la politesse de lui offrir une vingtaine de mille francs de dot pour épouser le Seigneur, à peu près comme il eût réservé cette somme à des obsèques dignes du rang de sa famille. Mais Fiamma avait refusé jusqu’à ce don, en alléguant que le petit héritage de sa mère lui suffirait pour entrer au couvent et pour s’y ensevelir.

Maintenant, au lieu de cette heureuse conclusion à l’importune existence de sa fille chérie (il l’appelait ainsi surtout depuis qu’elle approchait de la tombe où il eût voulu la clouer vivante), il prévoyait qu’il faudrait s’exécuter et lui donner une dot convenable. Il supposait que Féline avait des dettes ou de l’ambition ; il regardait cette race d’avocats et de procureurs comme une armée ennemie, qui le couvrirait de blâme dans le pays s’il ne faisait pas honorablement les choses, et, en fin de cause, il savait que sa fille pouvait se passer de son consentement. Son cœur était donc dévoré de toutes les chenilles de l’avarice, et il ne voyait aucune issue à son embarras ; car la seule chose qui l’eût rassuré, la résolution de Fiamma contre le mariage, venait d’être subitement révoquée d’une manière laconique et absolue dont il ne connaissait que trop la valeur. Il n’avait donc qu’un moyen de se soulager, c’était de se mettre en colère ; et il faut que cette envie soit bien irrésistible, puisqu’elle aggravait tout le mal et qu’il s’y abandonna néanmoins.

Il éclata donc en reproches amers sur la trahison de M. Parquet, dont Fiamma s’était rendue complice en le traitant comme un père de comédie. Il qualifia ce projet de sourde et méprisable intrigue, et la conduite de Fiamma d’hypocrisie consommée. « C’était donc là où devaient vous conduire cette dévotion austère, lui dit-il,