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des fenêtres entr’ouvertes, devant lesquelles on voyait se balancer les branches des arbres émus par la brise matinale. À l’intérieur régnait un religieux silence, interrompu seulement de temps à autre par les pas inégaux d’un vieillard qui entrait avec précaution, ou par le cri d’un enfant que sa mère allaitait en priant.

« Ô mon amie ! dit Simon à l’oreille de sa fiancée, quel charme indicible votre présence répand sur cette heure ordinairement si mélancolique dans ma vie ! Quelle promesse de bonheur m’apporte-t-elle donc pour que l’aspect d’un cercueil et le souvenir d’un mort fassent naître en moi des idées si suaves et un charme si délicieux ?

— Tout est beau et serein dans la mort du juste, lui répondit Fiamma ; son départ cause des larmes, mais son souvenir laisse l’espérance et la consolation sur la terre. »



XVI.


Fiamma sortit la première de l’église ; elle n’avait point osé dire à Simon l’indisposition de sa mère, et elle voulait avoir de ses nouvelles par elle-même avant de rentrer au château. Elle la trouva dormant d’un sommeil paisible. Ne se sentant pas la force d’aller à l’église, Jeanne avait fait mettre son livre de prières et son crucifix sur son lit. Le psautier était ouvert au De profundis, et le rosaire était enlacé aux mains jointes de la vieille femme, qui s’était doucement assoupie en s’entretenant avec l’âme de son frère. Bonne travaillait auprès d’elle. Fiamma baisa le front ridé de Jeanne sans l’éveiller, et pressa Bonne contre son cœur. Celle-ci vit bien, à l’émotion de son amie, qu’il s’était passé quelque chose d’extraordinaire. Elle voulut la suivre sur le seuil de la