Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/353

Cette page n’a pas encore été corrigée

ma Ruth bien-aimée, mais où est mon fils ? il est donc resté à l’église ? Oh ! n’entends-je pas le cri de la duchesse ? Elle chante les funérailles de mon pauvre frère. Vous les avez oubliées, vous autres ; vous avez fait sonner les cloches de la joie ; et moi je pleure… »

Elle fondit en larmes comme un enfant ; puis elle s’endormit au milieu des caresses de Bonne et de Fiamma. Le jeune médecin amoureux de Bonne, et qu’elle avait fait appeler, arriva, et lui trouva un simple mouvement de fièvre, qui se calmait de moment en moment. Seulement, elle se réveillait parfois pour dire à l’oreille de Fiamma : « Simon est allé à l’église. Pourquoi Simon ne revient-il pas ? »

Ces paroles frappèrent Fiamma. Elle commença à concevoir de l’inquiétude pour son ami, et, ne partageant pas l’opinion où l’on était que Simon fût retourné à Guéret la veille au soir, elle s’esquiva pour monter dans sa chambre. Tout y était dans le plus grand désordre, le lit défait, les vêtements épars : cette nuit avait dû être terrible pour Simon. Alors, laissant ses amis auprès de Jeanne, et poussée machinalement par les paroles qu’elle lui avait entendu répéter dans son délire, elle courut à l’église. Elle la trouva fermée, déserte aux alentours. Seulement un chien qui hurlait à la lune, devant le porche reblanchi, lui causa une impression de terreur superstitieuse. En cherchant au hasard où elle dirigerait ses pas, le sentier qui menait à la tour de la Duchesse s’offrit à elle, et elle s’y jeta en courant, appelée par une sorte de divination. L’horloge sonna trois heures du matin, lorsque Fiamma, au milieu de la rosée, et à la lueur de la lune qui s’abaissait vers l’horizon, tandis que le crépuscule commençait à paraître, atteignit les ruines du petit fort. Elle appela Simon. Un cri étouffé lui répondit, et aussitôt la figure pâle de son amant sortit du