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occupons-nous de Simon. Il est parti triste, j’ai vu cela ces jours-ci. Je ne vous demande pas ce qu’il avait ; je m’en doute.

— Vous vous en doutez ? s’écria Jeanne en relevant sa tête inclinée par l’âge, et en fixant ses yeux encore vifs et beaux sur Fiamma.

— Sans doute, répondit la jeune hypocrite ; je sais combien sa profession lui est antipathique, et je sais pourtant qu’il n’y a plus à reculer. Il m’a confié ses dégoûts, ses ennuis, ses craintes pour l’avenir.

— En effet, c’est là ce qui le tourmente, répondit Jeanne, et je suis fâchée qu’il ne vous ait pas parlé avant de partir ; mais il avait tant de chagrin de nous quitter qu’il a craint de manquer de force s’il nous faisait ses adieux.

— Je comprends tout cela, reprit Fiamma ; cependant je trouve qu’il est parti un peu brusquement ; je lui aurais donné du courage s’il m’eût consultée.

— Oui, certes, dit Jeanne, s’il vous eût vue aujourd’hui, il serait parti moins malheureux.

— Il faudra qu’il revienne causer avec nous, dit Fiamma ; mais pas avant quelques jours, afin de ne pas perdre le fruit de ce grand effort. En attendant ne pourriez-vous lui écrire, mère Féline ?

— Hélas ! je ne lui écris jamais, et pour cause.

— Oh bien ! sainte femme, vous ne savez pas écrire ; je pose les deux genoux devant vous, illettrée sublime !

— Qu’est-ce que vous dites-la, mon enfant ? vous vous moquez de moi !

— Je baise le bas de ta robe, sainte Geneviève-des-Prés, paysanne sur la terre, reine dans les cieux ! Mais voyons, je vais écrire à Simon sous votre dictée…

— Eh bien oui ! mais non ; j’ai bien des petits secrets à lui dire, dans lesquels vous êtes de trop, mignonne.