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« Ce que vous me dites m’étonne peu, chère cousine, répondit-il. Dans l’isolement où vous vivez, il est naturel que le seul homme que vous connaissiez soit celui dont vous vous énamouriez… »

Il allait débiter avec une admirable douceur une longue suite de riens charmants dont l’ironie eût semblé l’effet de la maladresse et de l’indifférence ; mais Fiamma, dont l’humeur était peu endurante, se sentit blessée de cette première remarque et l’interrompit en lui disant :

« Vous vous trompez d’une unité, mon cher cousin, en disant que Simon Féline est le seul homme que j’aie pu choisir. Vous êtes deux ici, et vous avez certes d’assez grandes qualités pour lutter avec lui dans mon estime, en outre, personne ne peut nier que vous ne soyez plus grand, plus beau, plus riche et mieux habillé que Simon le presbytérien ; il y avait donc bien des raisons pour que je me prisse pour vous d’une passion romanesque, de préférence à ce pauvre paysan que j’ai vu tout à l’heure passer là-bas sur la route, et dont le départ m’a fait plus de peine que la réalisation de tous mes châteaux en Espagne ne me ferait de plaisir. Eh bien ! cependant, je vous jure que je n’ai pas plus songé à m’enamourer de vous que vous de moi. Continuez vos observations, cousin, je vous écoute. »

Le marquis, voyant qu’il n’aurait pas beau jeu avec Fiamma Faliero, prit le parti d’abjurer toute amertume et de parler sérieusement et de bonne amitié avec elle. Il discuta avec beaucoup de calme et de bonne foi les chances d’un mariage entre elle et Simon.

« Je n’en vois aucune d’admissible, lui répondit Fiamma, je n’ai jamais compté là-dessus ; je ne sais même pas si je l’ai jamais souhaité. Cette amitié fraternelle, exclusive de tout autre amour et de toute autre union, satisfait le besoin