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l’émotion et la joie mêlée de consternation qu’éprouvait Simon. Madame Féline, poussant un cri de joie, avait tendu les bras à son fils. Fiamma, l’entendant s’approcher, jugea qu’il était temps de se réveiller : elle prit le parti de soulever sa tête et de se frotter les yeux pendant qu’il embrassait sa mère. « Oh ! dit la bonne femme, vous voilà un peu étonné, Simon ! vous me pensiez trop vieille pour avoir d’autres enfants que vous, et pourtant voilà que je suis devenue mère de deux filles en votre absence.

— Vous êtes heureuse, ma mère, répondit-il ; mais moi, me voilà humilié ; car je ne suis pas digne d’être leur frère.

— Je ne sais pas si Bonne est superbe à ce point de ne vouloir pas reconnaître votre parenté, dit mademoiselle de Fougères en lui tendant la main ; mais, quant à moi, j’avais déjà signé avec vous un pacte de fraternité d’opinions. » Simon ne put rien répondre. Il lui pressa la main avec un trouble plus indiscret que tout ce qu’il eût pu dire ; et pour se donner de l’aplomb, il demanda à Bonne la permission de l’embrasser, ce dont il s’acquitta avec assurance. Cette marque d’amitié enorgueillit Bonne comme une préférence ; elle ne connaissait rien aux roueries ingénues de la passion.

Madame Féline s’empressa de questionner son fils sur sa santé, sur la fatigue, sur la faim qu’il devait éprouver. Il demanda à manger, afin d’avoir une occupation et un maintien. Il ne pouvait se remettre de son désordre. Un champion qui s’est préparé longtemps à un rude combat, et qui, en arrivant, voit l’ennemi tranquille et déjà maître du champ de bataille, n’est pas plus bouleversé et embarrassé de son rôle que ne l’était Simon. Bonne courut dans tous les coins de la cabane pour aider Jeanne à rassembler quelques aliments et à les servir sur une petite