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— Mais vous souffrez ; vous êtes pâle.

— Non, je suis essoufflée.

— Vous êtes blessée au visage.

— Oh ! vraiment ? le combat aurait-il été si acharné ? Eh bien ! c’est bon ; je suis d’autant plus fière de la victoire, quoique, après tout, c’est à vous que je la dois. Je l’avais saisi trois fois, trois fois il m’a échappé. Je ne sais ce qui serait arrivé si je ne vous eusse pas rencontré. Maintenant, il faut voir s’il est blessé mortellement. J’espère que non.

— Il faudrait voir d’abord si vous n’êtes pas blessée vous-même auprès de l’œil. Voulez-vous descendre jusqu’au ruisseau ?

— Bah ! ce n’est pas nécessaire. Je ne sens aucun mal.

— Mais ce n’est pas une raison ; venez, je vous en supplie. Je vous aiderai à descendre ; je porterai ce vilain animal, qui mériterait bien que je lui tordisse le cou.

— Oh ! ne vous avisez pas de cela, s’écria la jeune fille ; j’ai payé sa conquête de mon sang : j’y tiens. »

Elle se laissa emmener au bord du ruisseau. Près de son lit, un rocher à pic s’élevait de quelques pieds au-dessus du sable. Simon voulut aider la chasseresse à le franchir ; mais, dédaignant de poser sa main dans la sienne, elle sauta avec l’agilité superbe d’une nymphe de Diane. Elle était si belle de courage et de gaieté que Simon lui pardonna le reste de fierté que conservaient jusque-là ses manières. Peut-être même trouva-t-il en cet instant que c’était chez elle un attrait de plus. Son âme était trop ardente pour ne pas s’élancer tout entière vers cette noble création ; il était comme hors de lui-même et ne songeait pas seulement à s’expliquer le désordre de ses esprits. Lui, dont les émotions avaient toujours été si concentrées et les manières si graves que sa mère