Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/198

Cette page n’a pas encore été corrigée

témoigne de l’affection, je vois bien que c’est par reconnaissance de ce que je fais pour elle.

— En vérité, le crois-tu, ma bonne Checca ? lui dis-je, frappé de sa pénétration et du grand sens qu’elle déployait dans les grandes occasions, elle si absurde dans les petites.

— Je te dis que j’en suis sûre. Il faut donc qu’ils se marient. Laissons-les ensemble. Partons sur-le-champ.

— Partons la nuit prochaine, je le veux bien, répondis-je ; jusque-là c’est impossible. Je t’en dirai la raison dans quelques heures. Retourne auprès d’Alezia avant qu’elle s’éveille.

— Oh ! elle ne dort pas, répondit Checca ; elle n’a fait que se promener en long et en large toute la nuit avec agitation. Sa soubrette Lila, qui a voulu coucher dans sa chambre, cause avec elle de temps en temps, et l’irrite beaucoup par ses remontrances ; car elle n’approuve pas l’amour de sa maîtresse pour toi, je t’en avertis. Mais, quand elle se met à soupirer et à dire : Po vera signora Bianca ! po vera principessa madre ! la belle Alezia fond en larmes et se jette sur son lit en sanglotant. Alors la soubrette la supplie de ne pas faire mourir sa mère de chagrin. J’entends tout cela de ma chambre. Adieu, j’y retourne. Si tu es bien décidé à repousser ce mariage, songe à mon projet, et prépare-toi à servir l’amour de notre pauvre comte.

À huit heures du matin, nous nous rendîmes sur le terrain. Le comte Hector tirait l’épée comme Saint-Georges ; et bien lui prenait de s’être beaucoup exercé à ce détestable argument, car c’était le seul qu’il eût à son service. Nasi fut blessé peu gravement ; par bonheur. Hector se conduisit assez bien ; sans faire d’excuses pour sa conduite à l’égard de Nasi, il convint qu’il avait mal parlé de sa cousine dans un premier mouvement de colère,