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— Moi, je parlais de la signora Alezia ; car, pour la signora Bianca, elle ne va plus au théâtre. Elle a pris un confesseur piémontais, et elle est dans la plus haute dévotion depuis son second mariage. Pauvre bonne signora ! je crains bien que ce mari-là ne la dédommage pas de l’autre. Ah ! Nello, Nello, pourquoi n’as-tu pas… ?

— Tais-toi, Mandola ; pas un mot là-dessus. Il est des souvenirs qui ne doivent pas plus revenir sur nos lèvres que les morts ne doivent revenir à la vie. Dis-moi seulement où est ta maîtresse en ce moment, et le moyen de lui faire parvenir une lettre en secret et sur-le-champ.

— Est-ce que c’est quelque chose d’important pour vous ?

— C’est quelque chose de plus important pour elle.

— En ce cas, donnez-la-moi ; je prends la poste à franc étrier, et je vais la lui remettre à Bologne, où elle est maintenant. Ne le saviez-vous pas ?

— Nullement. Oh ! tant mieux ! Tu peux être auprès d’elle ce soir ?

— Oui, par Bacchus ! Pauvre maîtresse, qu’elle sera étonnée de recevoir de vos nouvelles ! car, vois-tu, Nello, voyez-vous, signor…

— Appelle-moi Nello quand nous sommes seuls, et Lélio devant le monde, tant que l’affaire de Chioggia ne sera pas assoupie tout à fait.

— Oh ! je sais. Pauvre Massatone ! Mais cela commence à s’arranger.

— Que me disais-tu de la signora Bianca ? C’est là ce qui m’importe.

— Je disais qu’elle deviendra bien rouge et bien pâle quand je lui remettrai une lettre en lui disant tout bas : « C’est de Nello ! Madame sait bien, Nello ! celui qui chantait si bien… » Alors elle me dira d’un ton sérieux, car elle n’est plus gaie comme autrefois, la pauvre signora : «