Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/127

Cette page n’a pas encore été corrigée

vous ouvrez l’oreille aux fades propos des jeunes gens qui se glissent près de vous.

La lucarne se referma aussitôt, et nous demeurâmes quelques instants immobiles, craignant de nous trahir par un mouvement. Alors Lila, s’approchant tout près de nous, dit à voix basse à sa maîtresse :

— Mon Dieu, retirons-nous, signora ! M. l’abbé Cignola, qui rôdait dans l’église depuis un quart d’heure, vient d’entrer dans le confessionnal et d’en ressortir presque aussitôt après vous avoir regardée sans doute par la lucarne. Je crains bien qu’il ne vous ait reconnue, ou qu’il n’ait entendu ce que vous disiez.

— Je le crois bien ; car il m’a parlé, répondit la signora, dont le noir sourcil s’était froncé durant le discours de l’abbé avec une expression de bravade. Mais peu m’importe.

— Je dois me retirer, signora, dis-je en me levant ; en restant une minute de plus, j’achèverais de vous perdre. Puisque vous connaissez ma demeure, vous me ferez savoir vos volontés…

— Restez, me dit-elle en me retenant avec force. Si vous vous éloignez, je perds le seul moyen de me disculper. N’aie pas peur, Lila. Ne dis pas un mot, je te le défends. Mon cousin, dit-elle en élevant un peu la voix, donnez-moi le bras et allons-nous-en.

— Y songez-vous, signora ? Tout Florence me connaît. Jamais vous ne pourrez me faire passer pour votre cousin.

— Mais tout Florence ne me connaît pas, répondit-elle en passant son bras sous le mien et en me forçant à marcher avec elle. D’ailleurs, je suis hermétiquement voilée, et vous n’avez qu’à enfoncer votre chapeau. Allons ! ayez donc mal aux dents ! Mettez votre mouchoir sur votre visage. Hé vite ! voici des gens qui me connaissent et qui me regardent. Ayez de l’assurance et doublez le pas.