Page:Sand - La comtesse de Rudolstadt, 2e série.djvu/51

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
47

que nous avons recueillie et pesée : « C’est une étrange torture morale pour une femme que de se confesser hautement devant huit hommes. » Ta pudeur a été prise en considération. Tu ne te confesseras qu’à moi, et je ne trahirai pas tes secrets. Il m’a été donné plein pouvoir, quoique je ne sois dans le conseil au-dessus de personne, de te diriger dans une affaire particulière d’une nature délicate, et qui n’a qu’un rapport indirect avec celle de ton initiation. Me répondras-tu sans embarras ? Mettras-tu ton cœur à nu devant moi ?

— Je le ferai.

— Je ne te demanderai rien de ton passé. On te l’a dit, ton passé ne nous appartient pas ; mais on t’a avertie de purifier ton âme dès l’instant qui a marqué le commencement de ton adoption. Tu as dû faire tes réflexions sur les difficultés et les conséquences de cette adoption ; ce n’est pas à moi seul que tu en dois compte : il s’agit d’autre chose entre toi et moi. Réponds donc.

— Je suis prête.

— Un de nos enfants a conçu de l’amour pour toi. Depuis huit jours, réponds-tu à cet amour ou le repousses-tu ?

— Je l’ai repoussé dans toutes mes actions.

— Je le sais. Tes moindres actions nous sont connues. Je te demande le secret de ton cœur, et non celui de ta conduite. »

Consuelo sentit ses joues brûlantes et garda le silence.

« Tu trouves ma question bien cruelle. Il faut répondre cependant. Je ne veux rien deviner. Je dois connaître et enregistrer.

— Et bien, j’aime ! » répondit Consuelo, emportée par le besoin d’être vraie.

Mais à peine eut-elle prononcé ce mot avec audace,