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qu’elle est identique avec la vérité suprême révélée dans la doctrine. Et, en y pensant, tu comprendras qu’il ne peut en être autrement. Tout se réduit donc à la connaissance de la doctrine. »

Spartacus réfléchit, et après un moment de silence :

« Je voudrais entendre de ta bouche la formule suprême de la doctrine.

— Tu l’entendras, non pas de ma bouche, mais de celle de Pythagore, écho lui-même de tous les sages : Ô divine Tétrade ! Voilà la formule. C’est celle que, sous toutes sortes d’images, de symboles et d’emblèmes, l’Humanité a proclamée par la voix des grandes religions, quand elle n’a pu la saisir d’une façon purement spirituelle, sans incarnation, sans idolâtrie, telle qu’il a été donné aux révélateurs de se la révéler à eux-mêmes.

— Parle, parle. Et pour te faire comprendre, rappelle-moi quelques-uns de ces emblèmes. Ensuite tu prendras le langage austère de l’absolu.

— Je ne puis séparer, comme tu le voudrais, ces deux choses, la religion en elle-même, dans son essence, et la religion manifestée. Il est de la nature humaine, à notre époque, de voir les deux ensemble. Nous jugeons le passé, et, sans y vivre, nous trouvons en lui la confirmation de nos idées. Mais je vais me faire entendre. Voyons, parlons d’abord de Dieu. La formule s’applique-t-elle à Dieu, à l’essence infinie ? Ce serait un crime qu’elle ne s’appliquât pas à celui dont elle découle. As-tu réfléchi sur la nature de Dieu ? Sans doute ; car je sens que tu portes le Ciel, le vrai Ciel, dans ton cœur. Eh bien, qu’est-ce que Dieu ?

— C’est l’Être, c’est l’Être absolu. Sum qui sum, dit le grand livre, la Bible.

— Oui, mais ne savons-nous rien de plus sur sa na-