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d’un œil scrutateur, eut pitié d’elle, et la rappelant :

« Vous êtes fort à plaindre, lui dit-elle d’une voix moins sèche. Tout cela n’est pas votre faute, j’en suis certaine. Remettez-vous, soignez-vous. L’affaire sera examinée consciencieusement ; et si votre mari ne veut pas se perdre lui-même, je ferai en sorte qu’il soit considéré comme atteint de démence. Si vous pouvez communiquer avec lui, faites-lui entendre cela. Voilà le conseil que j’ai à vous donner.

— Je le suivrai, et je bénis Votre Majesté. Mais sans sa protection, je ne pourrai rien. Mon mari est enfermé à Prague, et je suis engagée au théâtre impérial de Vienne. Si Votre Majesté ne daigne m’accorder un congé et me délivrer un ordre pour communiquer avec mon mari qui est au secret…

— Vous demandez beaucoup ! J’ignore si M. de Kaunitz voudra vous accorder ce congé, et s’il sera possible de vous remplacer au théâtre. Nous verrons cela dans quelques jours.

— Dans quelques jours !… s’écria Consuelo en retrouvant son courage. Mais dans quelques jours il ne sera plus temps ! il faut que je parte à l’instant même !

— C’est assez, dit l’impératrice. Votre insistance vous sera fâcheuse, si vous la portez devant des juges moins calmes et moins indulgents que moi. Allez, mademoiselle. »

Consuelo courut chez le chanoine*** et lui confia ses enfants, en lui annonçant qu’elle partait, et qu’elle ignorait la durée de son absence.

« Si vous nous quittez pour longtemps, tant pis ! répondit le bon vieillard. Quant aux enfants, je ne m’en plains pas. Ils sont parfaitement élevés, et ils feront société à Angèle, qui s’ennuie bien un peu avec moi.

— Écoutez ! reprit Consuelo qui ne put retenir ses