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dont le lecteur veut bien se charger pour son compte, à la place du narrateur[1].

Il est probable que ce fut en quittant le saint Graal que Consuelo se rendit à la petite cour de Bareith, où la margrave, sœur de Frédéric, avait des palais, des jardins, des kiosques et des cascades, dans le goût de ceux du comte Hoditz à Roswald, quoique moins somptueux et moins dispendieux ; car cette spirituelle princesse avait été mariée sans dot à un très-pauvre prince, et il n’y avait pas longtemps qu’elle avait des robes dont la queue fût raisonnable, et des pages dont le pourpoint ne montrât pas la corde. Ses jardins, ou plutôt son jardin, pour parler sans métaphore, était situé dans un paysage admirable, et elle s’y donnait le plaisir d’un opéra italien, dans un temple antique, d’un goût un peu Pompadour. La margrave était très-philosophe, c’est-à-dire voltairienne. Le jeune margrave héréditaire, son époux, était chef zélé d’une loge maçonnique. J’ignore si Albert fut en relations avec lui et si son incognito fut protégé par le secret des frères, ou bien s’il se tint éloigné de cette cour pour rejoindre sa femme un peu plus tard. Sans doute Consuelo avait là quelque mission secrète. Peut-être aussi, pour éviter d’attirer sur son époux l’attention qui se fixait en tous lieux sur elle, elle ne vécut pas publiquement auprès de lui dans les premiers temps. Leurs amours eurent sans doute alors tout l’at-

    Nous renvoyons la rectification aux thuileurs érudits. Il y a eu, je crois, plus de cent grades dans certains rites.

  1. À telles enseignes que l’histoire de Jean Kreyssler nous paraît être le roman le plus merveilleux d’Hoffmann. La mort ayant surpris l’auteur avant la fin de son œuvre, le poëme se termine dans les imaginations sous mille formes différentes plus fantastiques les unes que les autres. C’est ainsi qu’un beau fleuve se ramifie vers son embouchure et se perd en mille filets capricieux dans les sables dorés de la grève.