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résurrection, et passèrent de la terre au ciel, sans subir l’amère transition de la mort.

Tel était le magique symbole qui s’adaptait en réalité fort bien à l’œuvre des Invisibles. Durant plusieurs années, les nouveaux templistes conservèrent l’espoir de rendre le saint Graal accessible à tous les hommes. Albert travailla efficacement, sans aucun doute, à répandre les idées mères de la doctrine. Il parvint aux grades les plus avancés de l’ordre ; car nous trouvons quelque part la liste de ses titres, ce qui prouverait qu’il eut le temps de les conquérir. Or chacun sait qu’il fallait quatre-vingt et un mois pour s’élever seulement aux trente-trois degrés de la maçonnerie, et nous croyons être certain qu’il en fallait ensuite beaucoup davantage pour franchir le nombre illimité des degrés mystérieux du saint Graal. Les noms des grades maçonniques ne sont plus un mystère pour personne ; mais on ne nous saura peut-être pas mauvais gré d’en rappeler ici quelques-uns, car ils peignent assez bien le génie enthousiaste et la riante imagination qui présidèrent à leur création successive : « Apprenti, compagnon et maître maçon, maître secret et maître parfait, secrétaire, prévôt et juge, maître anglais et maître irlandais, maître en Israël, maître élu des neuf et des quinze, élu de l’inconnu, sublime chevalier élu, grand maître architecte, royal-arche, grand Écossais de la loge sacrée ou sublime maçon, chevalier de l’épée, chevalier d’Orient, prince de Jérusalem, chevalier d’Orient et d’Occident, rose-croix de France, d’Hérédom et de Kilwinning, grand pontife ou sublime Écossais, architecte de la voûte sacrée, pontife de la Jérusalem céleste, souverain prince de la maçonnerie ou maître ad vitam, noachite, prince du Liban, chef du tabernacle, chevalier du serpent