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confirmation du mariage que vous avez déjà contracté devant Dieu et devant vos parents, et même devant un prêtre de la religion chrétienne, au château des Géants, le *** de l’année 175*. Ce mariage, valide devant les hommes, n’était pas valide devant Dieu. Il y manquait trois choses : 1° le dévouement absolu de l’épouse à vivre avec un époux qui paraissait toucher à son heure dernière ; 2° la sanction d’une autorité morale et religieuse reconnue et acceptée par l’époux ; 3° le consentement d’une personne ici présente, dont il ne m’est pas permis de prononcer le nom, mais qui tient de près à l’un des époux par les liens du sang. Si maintenant ces trois conditions sont remplies, et qu’aucun de vous n’ait rien à réclamer et à objecter…, unissez vos mains et levez-vous pour prendre le ciel à témoin de la liberté de votre acte et de la sainteté de votre amour. »

Wanda, qui continuait à demeurer inconnue aux frères de l’ordre, prit les mains de ses deux enfants. Un même élan de tendresse et d’enthousiasme les fit lever tous les trois, comme s’ils n’eussent fait qu’un.

Les formules du mariage furent prononcées, et les rites simples et touchants du nouveau culte s’accomplirent dans le recueillement et la ferveur. Cet engagement d’un mutuel amour ne fut pas un acte isolé au milieu de spectateurs indifférents, étrangers au lien moral qui se contractait. Ils furent tous appelés à sanctionner cette consécration religieuse de deux êtres liés à eux par une foi commune. Ils étendirent les bras sur les époux pour les bénir, puis ils se prirent tous ensemble par les mains et formèrent une enceinte vibrante, une chaîne d’amour fraternel et d’association religieuse autour d’eux, en prononçant le serment de les assister, de les protéger, de défendre leur honneur et leurs jours, de soutenir leur existence au besoin, de les ramener au