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écriteau dressé au milieu et surmontant un trophée formé de masses, de tenailles, de ciseaux, de limes, de haches dentelées, et de tous les abominables outils du tourmenteur, on lisait : « Ils sont tous fort précieux, tous authentiques ; ils ont tous servi. »

Alors Consuelo sentit défaillir tout son être. Une sueur froide détrempait les tresses de ses cheveux. Son cœur ne battait plus. Incapable de se soustraire à l’horreur de ce spectacle et des visions sanglantes qui l’assaillaient en foule, elle examinait ce qui était devant elle avec cette curiosité stupide et funeste qui s’empare de nous dans l’excès de l’épouvante. Au lieu de fermer les yeux, elle contemplait une sorte de cloche de bronze qui avait une tête monstrueuse et un casque rond posés sur un gros corps informe, sans jambes et tronqué à la hauteur des genoux. Cela ressemblait à une statue colossale, d’un travail grossier, destiné à orner un tombeau. Peu à peu Consuelo, sortant de sa torpeur, comprit, par une intuition involontaire, qu’on mettait le patient accroupi sous cette cloche. Le poids en était si terrible, qu’il ne pouvait, par aucun effort humain, la soulever. La dimension intérieure était si juste, qu’il ne pouvait y faire un mouvement. Cependant ce n’était pas avec le dessein de l’étouffer qu’on le mettait là, car la visière du casque rabattue à l’endroit du visage, et tout le pourtour de la tête étaient percés de petits trous dans quelques-uns desquels étaient encore plantés des stylets effilés. À l’aide de ces cruelles piqûres on tourmentait la victime pour lui arracher l’aveu de son crime réel ou imaginaire, la délation contre ses parents ou ses amis, la confession de sa foi politique ou religieuse[1]. Sur le sommet du

  1. Tout le monde peut voir un instrument de ce genre avec cent autres non moins ingénieux dans l’arsenal de Venise. Consuelo ne l’y avait pas vu : ces horribles instruments de torture, ainsi que l’intérieur des ca-