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d’elle de sombres visions. Elle croyait voir des ombres livides et couvertes de plaies hideuses s’agiter autour des murailles, ou ramper sur la terre à ses côtés. Elle croyait entendre leurs gémissements lamentables, leur râle d’agonie, leurs faibles soupirs, le grincement de leurs chaînes. Elle ressuscitait dans sa pensée la vie du passé telle qu’elle devait être au Moyen Âge, telle qu’elle avait été encore naguère durant les guerres de religion. Elle croyait entendre au-dessus d’elle, dans la salle des gardes, le pas lourd et sinistre de ces hommes chaussés de fer ; le retentissement de leurs piques sur le pavé, leurs rires grossiers, leurs chants d’orgie ; leurs menaces et leurs jurons quand la plainte des victimes montait jusqu’à eux, et venait interrompre leur affreux sommeil : car ils avaient dormi, ces geôliers, ils avaient dû, ils avaient pu dormir sur cette geôle, sur cet abîme infect, d’où s’exhalaient les miasmes du tombeau et les rugissements de l’enfer. Pâle, les yeux fixes, et les cheveux dressés par l’épouvante, Consuelo ne voyait et n’entendait plus rien. Lorsqu’elle se rappela sa propre existence, et qu’elle se releva pour échapper au froid qui la gagnait, elle s’aperçut qu’une dalle du sol avait été déracinée et jetée en bas durant sa pénible extase, et qu’un chemin nouveau s’ouvrait devant elle. Elle en approcha, et vit un escalier étroit et rapide qu’elle descendit avec peine, et qui la conduisit dans une nouvelle cave, plus étroite et plus écrasée que la première. En touchant le sol, qui était doux et comme moelleux sous le pied, Consuelo baissa sa lampe pour regarder si elle ne s’enfonçait pas dans la vase. Elle ne vit qu’une poussière grise, plus fine que le sable le plus fin, et présentant çà et là pour accidents, en guise de cailloux, une côte rompue, une tête de fémur, un débris de crâne, une mâchoire encore garnie de dents blanches et