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nous consacrons l’auguste sacrement de la communion fraternelle. »

Liverani alla prendre sur l’autel un calice de bois grossièrement travaillé, et, l’ayant rempli, il le présenta à Consuelo avec un pain.

« Ma sœur, reprit Marcus, ce n’est pas seulement un vin doux et généreux et un pain de pur froment que nous t’offrons pour réparer tes forces physiques, c’est le corps et le sang de l’homme divin, tel qu’il l’entendait lui-même, c’est-à-dire le signe à la fois céleste et matériel de l’égalité fraternelle. Nos pères les martyrs de l’église taborite, pensaient que l’intervention des prêtres impies et sacrilèges ne valait pas, pour la consécration du sacrement auguste, les mains pures d’une femme ou d’un enfant. Communie donc avec nous ici, en attendant que tu t’asseyes au banquet du temple, où le grand mystère de la cène te sera révélé plus explicitement. Prends cette coupe, et bois la première. Si tu portes de la foi dans cet acte, quelques gouttes de ce breuvage seront pour ton corps un fortifiant souverain, et ton âme fervente emportera tout ton être sur des ailes de flamme. »

Consuelo ayant bu la première, tendit la coupe à Liverani qui la lui avait présentée ; et quand celui-ci eut bu à son tour, il la fit passer à tous les frères. Marcus, en ayant épuisé les dernières gouttes, bénit Consuelo et engagea l’assemblée à se recueillir et à prier pour elle ; puis il présenta à la néophyte une petite lampe d’argent, et l’aida à mettre les pieds sur les premiers barreaux de l’échelle.

« Je n’ai pas besoin de vous dire, ajouta-t-il, qu’aucun danger ne menace vos jours ; mais craignez pour votre âme ; craignez de ne jamais arriver à la porte du temple, si vous avez le malheur de regarder une seule fois derrière vous en marchant. Vous aurez plusieurs stations