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— J’ai entendu parler de ton aventure avec Cagliostro dans le temps, et je mourais d’envie d’en connaître les détails ; mais ce n’est pas la curiosité qui me pousse ce soir, c’est l’amitié, comme je te l’ai dit sincèrement. Ainsi, pour t’encourager, je te dirai que, depuis ce matin, je sais fort bien que la signora Consuelo Porporina pourrait légitimement prendre, si elle le voulait, le titre de comtesse de Rudolstadt.

— Au nom du ciel, madame… Amélie… qui a pu vous instruire…

— Ma chère Rudolstadt, tu ne sais donc pas que ma sœur, la margrave de Bareith, est ici ?

— Je le sais.

— Et avec elle son médecin Supperville ?

— J’entends. M. Supperville a manqué à sa parole, à son serment. Il parlé !

— Rassure-toi. Il n’a parlé qu’à moi, et sous le sceau du secret. Je ne vois pas d’ailleurs, pourquoi tu crains tant de voir ébruiter une affaire qui est si honorable pour ton caractère et qui ne peut plus nuire à personne. La famille de Rudolstadt est éteinte, à l’exception d’une vieille chanoinesse qui ne peut tarder à rejoindre ses frères dans le tombeau. Nous avons, il est vrai, en Saxe, des princes de Rudolstadt qui se trouvent tes proches parents, tes cousins issus de germain, et qui sont fort vains de leur nom ; mais si mon frère veut te soutenir, tu porteras ce nom sans qu’ils osent réclamer… à moins que tu ne persistes à préférer ton nom de Porporina, qui est tout aussi glorieux et beaucoup plus doux à l’oreille.

— Telle est mon intention, en effet, répondit la cantatrice, quelque chose qui arrive ; mais je voudrais bien savoir à quel propos M. Supperville vous a raconté tout cela… Quand je le saurai, et que ma conscience sera