temps en temps, le soir par exemple, je viendrai vous écouter d’ici, et avec cela vous ferez de moi tout ce que vous voudrez.
« — J’abuserai le moins possible de votre obligeance, monsieur Mayer.
« — Mayer ! s’écria l’adjudant en interrompant avec brusquerie le broum… broum… qui voltigeait encore sur ses lèvres noires et gercées. Pourquoi m’appelez-vous Mayer ! Je ne m’appelle pas Mayer. Où diable avez-vous pêché ce nom de Mayer ?
« — C’est une distraction, monsieur l’adjudant, répondis-je, je vous en demande pardon… J’ai eu un maître de chant qui s’appelait ainsi, et j’ai pensé à lui toute la matinée.
« — Un maître de chant ? ce n’est pas moi. Il y a beaucoup de Mayer en Allemagne. Mon nom est Nanteuil. Je suis d’origine française.
« — Eh bien, monsieur l’officier, comment m’annoncerai-je à cette dame ? Elle ne me connaît pas, et refusera peut-être ma visite, comme tout à l’heure j’ai failli refuser de la connaître. On devient si sauvage quand on vit seul !
« — Oh ! quelle qu’elle soit, cette belle dame sera charmée de trouver à qui parler, je vous en réponds. Voulez-vous lui écrire un mot ?
« — Mais je n’ai pas de quoi écrire.
« — C’est impossible ; vous n’avez donc pas le sou ?
« — Quand j’aurais de l’argent, M. Schwartz est incorruptible ; et, d’ailleurs, je ne sais pas corrompre.
« — Eh bien, tenez, je vous conduirai ce soir au n° 2 moi-même… après, toutefois, que vous m’aurez chanté quelque chose. »
« Je fus effrayée de l’idée que M. Mayer, ou M. Nanteuil, comme il lui plaît de s’appeler maintenant, vou-