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suelo, qui songeait à ménager ses ressources. Quant au reste, je vous en tiens quitte. Je ne suis pas délicate, et je vous prie de ne me fournir que ce que je vous demande. »

Maître Schwartz hocha la tête d’un air d’étonnement et presque de mépris ; mais il ne répliqua pas ; et lorsqu’il eut rejoint sa très-digne épouse :

« Ce n’est pas méchant, lui dit-il en lui parlant de la nouvelle prisonnière, mais c’est pauvre. Nous n’aurons pas grands profits avec ça.

— Qu’est-ce que tu veux que ça dépense ? reprit madame Schwartz en haussant les épaules. Ce n’est pas une grande dame, celle-là ! c’est une comédienne à ce qu’on dit !

— Une comédienne, s’écria Schwartz. Ah bien ! j’en suis charmé pour notre fils Gottlieb.

— Fi donc ! reprit madame Schwartz en fronçant le sourcil. Veux-tu en faire un saltimbanque ?

— Tu ne m’entends pas, femme. Il sera pasteur. Je n’en démordrai pas. Il a étudié pour cela, et il est du bois dont on les fait. Mais comme il faudra bien qu’il prêche et comme il ne montre pas jusqu’ici grande éloquence, cette comédienne lui donnera des leçons de déclamation.

— L’idée n’est pas mauvaise. Pourvu qu’elle ne veuille pas rabattre le prix de ses leçons sur nos mémoires !

— Sois donc tranquille ! Elle n’a pas le moindre esprit » répondit Schwartz en ricanant et en se frottant les mains.


XV.

Le clavecin arriva dans la journée. C’était le même que Consuelo louait à Berlin à ses frais. Elle fut fort aise