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— Mais le aliments recherchés et les friandises sont également prohibés ?

— Non. Il nous est permis de traiter les dames, et particulièrement votre seigneurie, avec humanité, dans tout ce qui a rapport à la santé et au bien-être.

— Mais l’ennui est également préjudiciable à la santé !

— Votre seigneurie se trompe. En se nourrissant bien et en laissant reposer l’esprit, on engraisse toujours ici. Je pourrais vous citer telle dame qui y est entrée svelte comme vous voilà, et qui en est sortie, au bout de vingt ans, pesant au moins cent quatre-vingts livres.

— Grand merci, monsieur Schwartz. Je ne désire pas cet embonpoint formidable, et j’espère que vous ne me refuserez pas les livres et la lumière.

— J’en demande humblement pardon à votre seigneurie, je n’enfreindrai pas mes devoirs. D’ailleurs, votre seigneurie ne s’ennuiera pas ; elle aura ici son clavecin et sa musique.

— En vérité ! Est-ce à vous que je devrai cette consolation, monsieur Schwartz ?

— Non, signora, ce sont les ordres de Sa Majesté, et j’ai là un ordre du gouverneur pour laisser passer et déposer dans votre chambre lesdits objets. »

Consuelo, enchantée de pouvoir faire de la musique, ne songea plus à rien demander. Elle prit gaiement son chocolat, tandis que M. Schwartz mettait en ordre son mobilier, composé d’un pauvre lit, de deux chaises de paille et d’une petite table de sapin.

« Votre seigneurie aura besoin d’une commode, dit-il de cet air caressant que prennent les gens disposés à nous combler de soins et de douceurs pour notre argent ; et puis d’un meilleur lit, d’un tapis, d’un bureau, d’un fauteuil, d’une toilette…

— J’accepte la commode et la toilette, répondit Con-