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Consuelo reconnaissait effectivement la voix du prince, qui lui avait parlé souvent, et qui avait une espèce de grasseyement assez remarquable. Pour s’assurer que son sosie était bien la princesse, elle nia encore, et le prince ajouta :

« J’ai vu ton costume chez le tailleur ; et comme il n’y a pas de secrets pour les princes, j’ai surpris le tien. Allons, ne perdons pas le temps à babiller. Vous ne pouvez avoir la prétention de m’intriguer, ma chère sœur, et ce n’est nullement pour vous tourmenter que je m’attache à vos pas. J’ai des choses sérieuses à vous dire. Venez un peu à l’écart avec moi. »

Consuelo se laissa emmener par le prince, bien résolue à lui montrer ses traits plutôt que d’abuser de sa méprise pour surprendre des secrets de famille. Mais, au premier mot qu’il lui adressa lorsqu’ils eurent gagné une loge, elle devint attentive malgré elle, et crut avoir le droit d’écouter jusqu’au bout.

« Prenez garde d’aller trop vite avec la Porporina, dit le prince à sa prétendue sœur. Ce n’est pas que je doute de sa discrétion ni de la noblesse de son cœur. Les personnages les plus importants de l’ordre s’en portent garants ; et dussiez-vous me plaisanter encore sur la nature de mes sentiments pour elle, je vous dirai encore que je partage votre sympathie pour cette aimable personne. Mais ni ces personnages ni moi ne sommes d’avis que vous vous compromettiez vis-à-vis d’elle avant que l’on ne soit assuré de ses dispositions. Telle entreprise qui saisira d’emblée une imagination ardente comme la vôtre et un esprit justement irrité comme le mien, peut épouvanter au premier abord une fille timide, étrangère sans doute à toute philosophie et à toute politique. Les raisons qui ont agi sur vous ne sont pas celles qui feront impression sur une femme placée dans une sphère si