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— Oui, monsieur.

— Et longtemps ?

— Oui, monsieur.

— Et qu’est devenu votre amant ?

— Mort !

— Mais vous en êtes consolée ?

— Non.

— Oh ! vous vous en consolerez bien ?

— Je crains que non.

— Cela est étrange. Ainsi, vous ne voulez pas vous marier.

— Jamais.

— Et vous n’aurez pas d’amour ?

— Jamais.

— Pas même un ami ?

— Pas même un ami comme l’entendent les belles dames.

— Baste, si vous alliez à Paris, et que le roi Louis XV, ce galant chevalier…

— Je n’aime pas les rois, monsieur le capitaine, et je déteste les rois galants.

— Ah ! je comprends ; vous aimez mieux les pages. Un joli cavalier, comme Trenck, par exemple !

— Je n’ai jamais songé à sa figure.

— Et cependant vous avez conservé des relations avec lui !

— Si cela était, elles seraient de pure et honnête amitié.

— Vous convenez donc que ces relations subsistent ?

— Je n’ai pas dit cela, répondit Consuelo, qui craignit de compromettre la princesse par ce seul indice.

— Alors vous le niez.

— Je n’aurais pas de raisons pour le nier, si cela était ; mais d’où vient que le capitaine Kreutz m’interroge de la sorte ? Quel intérêt peut-il prendre à tout cela ?