Page:Sand - La comtesse de Rudolstadt, 1re série.djvu/144

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
140

l’homme au manteau avec la même aisance. Le public peut ignorer que la divine Porporina est comtesse de Rudolstadt ; mais le comte de Saint-Germain est mieux instruit.

— Qui êtes-vous donc ? dit Consuelo bouleversée de surprise ; n’appartenez-vous pas à la maison de madame la comtesse de Kleist ?

— Je n’appartiens qu’à moi-même, et ne suis serviteur que de la vérité, reprit l’inconnu. Je viens de dire mon nom ; mais je vois qu’il est ignoré de madame de Rudolstadt.

— Seriez-vous donc le comte de Saint-Germain en personne ?

— Et quel autre pourrait vous donner un nom que le public ignore ? Tenez, madame la comtesse, voici deux fois que vous avez failli tomber en deux pas que vous avez faits sans mon aide. Daignez reprendre mon bras. Je sais fort bien le chemin de votre demeure, et je me fais un devoir et un honneur de vous y reconduire saine et sauve.

— Je vous remercie de votre bonté, monsieur le comte, répondit Consuelo, dont la curiosité était trop excitée pour refuser l’offre de cet homme intéressant et bizarre ; aurez-vous celle de me dire pourquoi vous m’appelez ainsi ?

— Parce que je désire obtenir votre confiance d’emblée en vous montrant que j’en suis digne. Il y a longtemps que je sais votre mariage avec Albert, et je vous ai gardé à tous deux un secret inviolable, comme je le garderai tant que ce sera votre volonté.

— Je vois que ma volonté à cet égard est fort peu respectée par M. Supperville, dit Consuelo qui se pressait d’attribuer à ce dernier les notions de M. de Saint-Germain sur sa position.