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— Oui, c’était une scène plaisante, dit la princesse qui, par instants, reprenait comme malgré elle, son ton sec et amer : j’en ai ri comme une folle.

— Il n’y avait pas de quoi ! dit naïvement Consuelo. Mais enfin qu’est-ce donc que ce Trismégiste ? et puisque Votre Altesse ne croit pas aux sorciers…

— Je t’ai promis de te dire un jour ce que c’est que la sorcellerie. Ne sois pas si pressée. Quant à présent, sache que le devin Trismégiste est un homme dont je fais grand cas, et qui pourra nous être fort utile à toutes trois… et à bien d’autres !…

— Je voudrais bien le revoir, dit Consuelo ; et quoique je tremble d’y penser, je voudrais m’assurer de sang-froid s’il ressemble à M. de Rudolstadt autant que je me le suis imaginé.

— S’il ressemble à M. de Rudolstadt, dis-tu ?… Eh bien, tu me rappelles une circonstance que j’aurais oubliée, et qui va expliquer, peut-être fort platement, tout ce grand mystère… Attends ! laisse-moi y penser un peu… oui, j’y suis. Écoute ma pauvre enfant, et apprends à te méfier de tout ce qui semble surnaturel. C’est Trismégiste que Cagliostro t’a montré ; car Trismégiste a des relations avec Cagliostro, et s’est trouvé ici l’an dernier en même temps que lui. C’est Trismégiste que tu as vu au théâtre dans la loge du comte Golowkin ; car Trismégiste demeure dans sa maison, et ils s’occupent ensemble de chimie ou d’alchimie. Enfin c’est Trismégiste que tu as vu dans le château le lendemain ; car ce jour-là, et peu de temps après t’avoir congédiée, j’ai vu Trismégiste, et par parenthèse, il m’a donné d’amples détails sur l’évasion de Trenck.

— À l’effet de se vanter d’y avoir contribué, dit madame de Kleist, et de se faire rembourser par Votre Altesse des sommes qu’il n’a certainement pas dépensées