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la ville noire.

Sept-Épées expliqua leur rencontre comme une chose préméditée de sa part, et il profita de l’occasion pour s’ouvrir à son parrain de ses projets sur la petite usine qu’Audebert était forcé de vendre.

— Il est impossible, lui dit-il, que ce brave homme accepte gratuitement vos services. Sa fierté, qui en ceci n’a rien d’exagéré, s’y oppose. Laissez-le se libérer par la vente et se réhabiliter par le travail. Je me charge de l’aider dans l’un comme dans l’autre. Si je n’y réussis point, je vous promets, de sa part, qu’il viendra de lui-même réclamer votre conseil et votre amitié.

Audebert sut gré à Sept-Épées de cette conclusion. Pour rien au monde, connaissant le caractère entier et bizarre du vieux forgeron, il n’eût voulu se mettre dans sa dépendance. Il eût préféré se remettre la corde au cou.

Il s’agissait d’obtenir l’assentiment de Laguerre à l’entreprise de son filleul. En cas de refus, Sept-Épées, maître de ses économies, pouvait bien passer outre, et il l’eût fait, car il avait une grande volonté ; mais il ne l’eût pas fait sans chagrin, car il aimait