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la ville noire.

Quand on s’est trouvé aux prises avec de grandes perplexités de la conscience, on prend quelquefois avec plaisir une formule quelconque, un simple jeu de mots qui se présente, pour une solution triomphante. Les gens simples et enthousiastes sont volontiers fatalistes. Le jeune artisan s’imagina que sa destinée l’avait amené en ce lieu sauvage pour y mettre la main sur l’instrument de sa richesse.

Il rassembla ses souvenirs. Il connaissait bien l’endroit pour un des plus effrayants et des moins fréquentés du Val-d’Enfer. Pourtant il y avait un sentier praticable qui montait à la route de la ville haute, et un petit chemin de mulets qui longeait le torrent et s’en allait, par de nombreux détours, rejoindre la ville basse. Il n’y avait guère plus d’une demi-lieue, soit par la rampe, soit par le fond du ravin.

Cette usine se nommait la Baraque, un nom bien méprisant, et l’endroit où elle était située le Creux-Perdu, un nom de mauvais augure ! Pourtant le courant de l’eau y était fort, et la roche de bonne qualité pour bâtir si l’on voulait s’étendre. La fabri-