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la ville noire.

moi, car ils ne m’ont point encore parlé de vous.

C’était me reprocher de ne leur avoir rien dit, et je me suis décidé à faire confidence de mon projet à Lise, mais par manière de conversation et sans trop m’engager. Lise m’a dit : — C’est bien ! ça me convient à moi. Je vais en parler à mon mari.

Je lui ai fait observer que je voudrais bien ne pas me compromettre vis-à-vis d’un camarade et d’un ami qui est comme le tuteur et le frère de Tonine, sans savoir si Tonine avait un peu de goût pour moi. Lise a trouvé cela assez juste, et comme elle a senti la conséquence de la chose, elle m’a promis de me laisser parler le premier à son mari. Quant à me dire si je plaisais à la Tonine, elle ne l’a pas pu ou elle ne l’a pas voulu, prétendant que si elle le croyait, elle ne jugerait pas devoir m’en informer avant de me voir bien décidé au mariage.

Voilà où j’en suis depuis trois mois, n’avançant à rien, car Tonine, quand je me laisse aller malgré moi à ne pas la bouder, me fait toujours la même réponse, et Lise s’entête à me faire parler avec son mari. Vous comprenez bien que le jour où j’aurai