Page:Sand - La Ville noire.djvu/256

Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’amphithéâtre du rivage. De jeunes compagnons, parés de fleurs et portant leurs insignes de cérémonie, amenèrent ensuite un petit radeau pavoisé, ouvrage de leurs mains, sur lequel les deux époux furent invités à monter pour faire le tour du bassin et recevoir les caresses et les félicitations de tout le monde. Tonine fut priée d’ouvrir le bal, et on la vit danser pour la première fois dans une fête. Elle y mit tant de grâce et de modestie que chacun l’admirait de s’être abstenue jusque-là de tout plaisir et de toute coquetterie par prudence et par pudeur.

Cependant Tonine s’interrompit plusieurs fois pour demander si personne n’avait vu Audebert. Quelque livré qu’il fût à son caprice, le vieux poëte n’oubliait jamais ses affections, et on s’étonnait qu’en un pareil jour il ne fût pas là. On commençait même à s’inquiéter, lorsqu’il parut enfin sur le haut du gros rocher, qui commençait à projeter son ombre bienfaisante sur la fête. Il amenait avec lui Saverio (ou Xavier), le beau chanteur, l’habile plâtrier italien, nouvellement arrivé au pays pour des travaux d’art dans les bâtiments de la mairie de la ville