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tous voulaient fêter son retour, et auxquels, par sa franche cordialité, il montra bien qu’il serait toujours un ami sérieux et un bon frère.

Tonine eût souhaité que son mariage se fît sans plus d’éclat que celui des autres artisans du pays, mais il ne dépendit pas de sa volonté d’empêcher les préparatifs de la Ville Noire. Huit jours durant, les enfants cueillirent dans la campagne une véritable montagne de fleurs qui fut mise au frais dans un des nombreux réservoirs des écluses, et qui, le jour des noces, se trouva transformée et distribuée en guirlandes gigantesques et en gracieux arcs de triomphe sur tout le passage du modeste cortège. Ce cortège devint bientôt si nombreux qu’on eût dit d’une fête patronale suivant la procession. Après la cérémonie, il y eut un banquet général sur les gazons qui entouraient le bassin de la grande barre. Chaque famille apporta là son repas, et toute la population mangea et chanta pendant que les deux époux, avec le petit groupe de leurs amis intimes, déjeunaient sans faste sous les lilas de la petite île, recevant et rendant les toasts qui s’élevaient de tout