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— Eh bien ! apprends, répondit Tonine, comment j’ai hérité de mon beau-frère, et tu comprendras nos devoirs. Te souviens-tu qu’il était fort malade quand tu es parti ? Il avait abusé de tout, il se sentait mourir, et avait peur de la mort. C’était une mauvaise tête plutôt qu’un mauvais cœur. Il se repentait du passé. Il voulut me voir, me demanda de lui pardonner le malheur de ma pauvre sœur. J’y mis pour condition qu’il ferait quelque chose de charitable pour les pauvres de la Ville Noire. Il le promit, et je lui donnai des soins et des consolations. Quand on ouvrit son testament, nous fûmes tous bien étonnés de voir qu’il me laissait l’usine ; mais il y avait une condition : c’est que j’adoucirais les peines que la dureté de son chef d’atelier et son indifférence avaient causées. Dès lors, tu vois, mon ami, cette condition-là, je ne sais pas si la loi nous en demanderait compte ; mais je sais que Dieu est bon comptable, et qu’on ne le triche pas. C’est à nous de bien nous tenir, si nous ne voulons pas qu’il nous abandonne.

— Sois tranquille ! répondit Sept-Épées, qui jus-