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la ville noire.

l’aie oubliée, c’est peut-être le contraire ; mais un temps viendra, il faut l’espérer, où je pourrai entendre parler d’elle sans avoir la bêtise de pleurer.

« Je t’écris d’une très-belle campagne où je suis pour quelque temps et où tu peux me répondre. Je te dirai même que, pour la dixième fois au moins, j’ai quelque idée de mariage ici ; mais je n’espère guère mieux de moi pour cela que les autres fois. Le cœur ne peut pas se réveiller. N’importe, il est toujours chaud pour toi, pour ta Lise et tes enfants, qui doivent être bien beaux. Je te remercie d’avoir donné mon nom au troisième. C’est une preuve que vous pensez à moi. Puisse-t-il ne jamais souffrir comme j’ai souffert, ce pauvre petit, qui sera un homme ! Si j’ai jamais le bonheur de l’embrasser, je saurai lui dire qu’il n’y a de bonheur que dans l’amour et l’amitié, et que tout ce qu’on cherche ailleurs de contentement ne vaut pas la peine qu’on se donne pour courir après. »

La campagne où se trouvait alors Sept-Épées était le domaine d’une assez riche veuve de fermier, plus âgée que lui de deux ou trois ans, mais agréable, et