Page:Sand - La Ville noire.djvu/191

Cette page a été validée par deux contributeurs.
181
la ville noire.

drait mieux m’attacher à une meule et me jeter dans le Trou-d’Enfer ?

Elle ne dormit guère cette nuit-là, et rêva qu’elle voyait Sept-Épées triste et malade ; puis elle le vit mort, et eut si peur de ce cauchemar qu’elle se releva, ralluma sa lampe et relut la lettre qu’il lui avait écrite. Ses paroles exprimaient la tranquillité, presque le contentement ; mais, à force de retourner ce papier, il lui sembla qu’on avait pleuré dessus et que l’adresse était tracée d’une main convulsive. Le soupçon de la vérité s’empara de son esprit, et dès le petit jour elle courut à la baraque.

Elle interrogea Sans-Peur, qui, malgré ses promesses de discrétion, ne sut pas résister à son ascendant et lui avoua que Sept-Épées était parti comme un homme qui fait plus qu’il ne peut, et qui est près de succomber au désespoir. Elle entra aussitôt dans le bureau de l’usine et écrivit à Sept-Épées :


« Mon cher voisin, pour répondre à l’honneur de votre estimable lettre, je vous dirai que votre parrain se porte bien, et que j’ai pour lui tous les soins