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la ville noire.

fait malheureux et résolu à se bien conduire. Vers midi, il était sur pied. Il mit ses comptes en ordre, prit sur lui la moitié du peu d’argent qu’il avait, et remit l’autre moitié à Va-sans-Peur en lui disant : — Je sais que tu as de l’amitié pour moi ; je ne suis pas ingrat. Ne t’inquiète pas de moi, j’ai du courage, et les voyages me distrairont. Je m’absente pour quelque temps ; je te confie l’atelier et tout ce que je possède, en t’associant pour moitié aux profits. Si tu préfères l’affermer et retourner au travail à la pièce, je t’en laisse la liberté : tu feras pour le mieux, j’en suis sûr ; mais il y a une chose que j’exige de ton amitié et sur ta parole d’honnête homme : c’est que tu ne rendras personne malheureux à cause de moi. Il faut que tu me promettes cela, comme si je devais mourir dans une heure.

Et quand Va-sans-Peur lui eut donné sa parole, il ajouta : — N’aie aucune crainte à cause de moi ; à mon tour je te donne ma parole de ne commettre aucune lâcheté.

Il lui signa une procuration, lui recommanda de ne rien dire de son départ avant qu’il n’eût écrit lui-