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la ville noire.

désir d’écouter. La porte était mince, il entendit tout.

Voici de quoi il était question. Tonine avait désiré savoir, avant de prendre aucun parti, si le jeune armurier était décidé à rechercher mademoiselle Trottin, et on avait consulté là-dessus le parrain, qui s’était avancé un peu plus qu’il ne fallait, tant il avait envie de voir son filleul établi dans la Ville Noire, si bien qu’au moment où celui-ci accourait pour dire à Tonine qu’il n’aimait et ne souhaitait qu’elle, Lise venait de lui affirmer qu’elle pouvait très-librement se décider pour le médecin.

Tonine était femme, et son légitime orgueil de citadine de la Ville Noire était flatté de l’avenir honorable et relativement très-brillant qui s’ouvrait devant elle. Elle était heureuse d’amener le secours d’un médecin instruit et dévoué à ses concitoyens, c’était même peut-être un devoir pour elle. Elle faisait déjà des projets, et Lise l’aidait à se monter la tête. Elle employait d’avance son modeste revenu en aumônes de tout genre, elle arrangeait aussi sa demeure avec goût et simplicité ; elle rêvait une maisonnette propre et bien aérée sur un des clairs