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la ville noire.

rain pour le mariage projeté, eut un nouvel accès de chagrin et pleura encore ; mais elle s’en cacha, même avec la Laurentis, et s’efforça de n’y plus penser.

Le lendemain, elle alla rendre visite à Rosalie Sauvière, une de ses plus chères compagnes qui s’était cassé un bras, et elle y rencontra le jeune médecin Anthime, celui qui avait soigné Audebert à la baraque. D’autres fois déjà, elle s’était retrouvée avec lui dans des circonstances analogues ; mais comme elle voyait bien dans ses yeux le goût qu’il avait pour elle, elle le tenait à si belle distance qu’il n’avait jamais osé lui parler d’amour. Ce jour-là, préoccupée et un peu abattue, elle ne remarqua pas qu’il restait plus que de besoin, et d’ailleurs elle ne pouvait croire qu’il osât lui faire la cour devant sa jeune compagne et devant la mère de celle-ci, qui était une femme très-estimée et très-religieuse ; mais à sa grande surprise M. Anthime lui prit la main et lui dit : — Mademoiselle Tonine, j’ai quelque chose de très-sérieux à vous confier, et il y a longtemps que j’en cherche l’occasion. C’est quelque chose de