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la ville noire.

remède que j’ai trouvé est la condamnation du sien.

— Mais, dit encore la Lise, s’il voulait être riche pour faire du bien et pour te donner le pouvoir d’en faire ?

— Oh ! oui, fiez-vous à ça ! dit la Laurentis. Ce n’est pas à une femme de mon expérience qu’il faut venir conter ces rêveries-là. J’en ai vu, moi, de ces jeunes gens qui parlent de tout donner quand ils auront tout ; mais en attendant, dès qu’ils ont quelque chose, ils le placent pour en avoir davantage, ou ils le mangent pour leur plaisir. Est-ce que c’est possible autrement, à moins d’être des saints du bon Dieu ? Est-ce qu’on peut d’ailleurs s’enrichir comme ça du jour au lendemain ? Nenni, mes enfants, il faut le temps à tout. On se flatte d’amasser vite en mettant un sou devant l’autre, et on ne s’enrichit qu’avec beaucoup de peine et de patience. On est vieux quand on commence à pouvoir se reposer, et alors c’est bien trop tard pour redevenir doux et humain avec le petit monde dont on est sorti. On connaît trop ses défauts, on s’est trop