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la ville noire.

et de la fierté commençaient à lui faire la cour et à se disputer son attention.

Il arriva peu à peu qu’au milieu de ces hommages, Tonine parut devenir coquette à Sept-Épées, devenu jaloux. Elle n’encourageait personne, disant qu’elle voulait devenir vieille fille et rester sage ; mais elle avait des manières polies et de la gaieté avec tout le monde. Elle ne cachait pas sa figure et son esprit comme dans le temps où, grande et mince fillette, elle se méfiait d’elle-même et des autres. Elle était bien forcée de voir, à présent, qu’elle plaisait, que beaucoup voulaient lui plaire, et qu’elle était gardée par trop d’amoureux rivaux les uns des autres pour être exposée aux insolences d’un seul. Elle allait donc la tête haute dans sa Ville Noire, parlant à tous, conseillant l’un, consultant l’autre, toujours en vue du bien de quelqu’un, respectueuse avec les vieux, respectée des jeunes, ne voulant porter ombrage à aucune femme, et se faisant chérir de tous sans avoir l’air de le chercher.

Sept-Épées voyait tout cela et en était fier,